Sur tous les toits du monde

18Nov/19Off

Motivé

Il n'y a encore pas si longtemps, lorsque mon employeur me parlait d'incentive, j'avais tendance à grincer des dents. Au cours de ma carrière, j'ai travaillé pour plusieurs entreprises qui n'y connaissaient visiblement rien en terme de management. Dans ces boîtes, on exigeait de nous que nous nous dépassions mais on donnait très peu en compensation. On se retrouvait donc à tout donner pendant des mois pour gagner une prime misérable. L'entreprise pour laquelle je travaille aujourd'hui a heureusement davantage de lucidité. Lorsqu'elle met en place un incentive, la rémunération est proportionnelle à l'effort exigé. Et ça, challenge commercial ça change tout. Du coup, c'est avec le sourire que j'accueille les nouveaux incentives, et je me donne à 200 %. J'ai ainsi remporté un iPhone, des coffrets cadeaux, des places VIP pour des matchs de foot... Si je me satisfaisais déjà de ces primes en nature, le mois dernier, j'ai pourtant décroché le pompon : un voyage de quatre jours en Thaïlande ! Au départ, je dois avouer que je n'étais pas très emballé à cette idée. J'aurais de loin préféré faire un voyage avec ma femme. Parce que c'était un voyage entre collègues, naturellement. Le postulat m'ennuyait assez. Voyager avec des collègues, ce n'est pas à proprement parler du travail, mais ce n'est pas des vacances non plus. J'imagine que c'est la même chose dans votre travail : on ne se comporte pas au travail comme on se comporte à la maison. Il faut jouer un rôle, le rôle du type qui s'amuse parce qu'il n'est plus dans un bureau... tout en faisant tout de même attention à ce qu'il fait, parce que ses collaborateurs sont à portée d'oreilles. Du moins, c'est ce que je croyais avant d'y aller. Une fois arrivé, j'ai surtout rendu compte qu'un trip entre collègues, ça permet tout autant d'être naturel. Mais d'un naturel un peu différent de celui qu'on a avec sa femme. J'ai eu mal aux cheveux au cours de mon séjour, mais ça fait tout de même un bien fou. Je craignais que les activités qu'on nous propose sur place aient autant de goût qu'un sandwich de distributeur. Vous avez déjà sans doute vécu un tel moment : vous vous retrouvez coincé dans une activité où vous avez l'impression d'être dans un usine à gaz du tourisme. J'ai déjà eu l'occasion de vivre ce genre de moment au cours de voyages, et ça ne m'a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, cette fois encore, tiré son épingle du jeu : c'est une agence événementielle qui a tout organisé de bout en bout, et nous a préparé un voyage vraiment authentique. Si celui-ci s'est révélé assez riche, ça a été un vrai bonheur : ce n'était pas un séjour touristique (le colon parmi les indigènes), mais d'un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout que les activités qu'on nous réserve sur place soient atterrantes. Vous savez, le genre d'activité qui semble avoir été établie par un moniteur de colo incapable de comprendre qu'il s'adressait à des adultes. Mon entreprise a gagné sur les deux tableaux, sur ce coup-là : elle a non seulement fait des heureux parmi ses collaborateurs en leur proposant un bonus, et a surtout permis à ces derniers de resserrer leurs liens. Depuis ce voyage, je me dis que je suis en définitive arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais d'enseigne comme de chemise. Alors qu'aujourd'hui, je ne regarde même plus si l'herbe est plus verte ailleurs. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de se sentir posé.

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